Avant-première suivie d’un débat avec Nous Toutes 54
"C’est en découvrant une interview de Niki de Saint Phalle sur l’Instagram de Juliette Binoche que je suis frappée à la fois par la puissance de la prise de parole de l’artiste en 1965 et par sa ressemblance avec Charlotte Le Bon.
Il y a une évidence dans la familiarité de leur parcours. Toutes les deux ont été,mannequin. Cette beauté est un tremplin, elle attire les rencontres mais ça peut êtreun fardeau, les enfermer aussi. Niki a bien sûr entendu « Si tun’étais pas belle tout le monde s’en foutrait de ce que tu fais ».
Comme Niki, Charlotte est une artiste, elle peint et sculpte, on s’est beaucoup servi de ses compétences sur le plateau. C’est elle qui a fabriqué une toilecomme Niki le faisait à ses débuts quand elle n’avait pas d’argent. Elle connaissait les gestes et les dosages pour fabriquer des couleurs avec du pigment, tout était simple.
Mais Charlotte est aussi, comme l’était Niki autrice et réalisatrice. Ses talents m’ont accompagnée tout le long du processus de création : à l’écriture, sur le plateau et aumontage. Je me rappelle avoir modifié la mise en scène d’une séquence quand elle m’a proposé une idée meilleure que la mienne.
C’était vraiment puissant d’avoir son regard sur le projet.
La fantaisie et la drôlerie sont aussi des caractéristiques communes à Niki et Charlotte, tout comme la double nationalité.
Mais ce qui m’a le plus bouleversée, c’est l’audace avec laquelle elle s’est emparée des enjeux de l’incarnation : la « re-traversée » du trauma, l’écrasement, la vitalité de la survie, la joie de la puissance, l’enfance affleurant àtout moment dans sa démarche, dans ses moues. Je n’aurais pas pu rêver meilleure partenaire." Céline Salette